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CHRONIQUE
Visite du Roi Mohammed VI en Chine
La nouvelle politique étrangère du Maroc
La nouvelle politique étrangère du Maroc
Par Jawad KERDOUDI | Edition N°:4777 Le 20/05/2016 | Partager
Jawad Kerdoudi est président de l’Imri (Institut marocain des relations internationales) (Ph. JK)
La visite royale en Chine s’inscrit indéniablement dans le cadre de la nouvelle politique étrangère du Maroc déclenchée depuis trois ans. Elle consiste essentiellement à diversifier la base des alliances internationales du Royaume.
Après l’indépendance en 1956, la diplomatie était orientée principalement vers l’Occident. C’est ainsi que la coopération avec l’Union européenne a été progressivement renforcée aboutissant à la conclusion de plusieurs accords d’association et au Statut avancé accordé au Maroc en 2008. Avec les Etats-Unis d’Amérique, un accord de libre-échange a été signé et mis en vigueur en 2006, et un partenariat stratégique a été formellement établi entre cette grande puissance et le Maroc. Cependant, de nouveaux facteurs sont apparus tant sur le plan politique qu’économique. Depuis 1975, le Maroc est confronté à la non-reconnaissance internationale de sa souveraineté sur les provinces sahariennes. L’édification du Maghreb est bloquée par le différend entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara. Sur le plan économique, et après l’intronisation du Roi Mohammed VI, l’accent a été mis sur le développement accéléré du pays dans tous les domaines.
Sous l’impulsion du Souverain et afin de faire face aux nouveaux défis du pays, la diplomatie marocaine s’est orientée vers une diversification de la base des alliances internationales. Trois axes ont été ciblés par cette nouvelle politique étrangère: l’Afrique subsaharienne, les pays arabes du Golfe, et les pays émergents (Chine, Inde, Russie). Cette nouvelle politique poursuit deux objectifs principaux, à savoir l’accélération du règlement de la question du Sahara, et le développement économique du pays par la coopération Sud-Sud. En effet, sur la question du Sahara, la position des Etats-Unis n’a pas toujours été favorable au Maroc. C’est ainsi qu’en 2013 c’est une proposition Américaine qui a tenté d’élargir le mandat de la Minurso au contrôle des droits de l’homme dans les provinces sahariennes. Plus récemment, en avril 2016, le premier draft de la résolution du Conseil de sécurité rédigé par les Américains a été franchement hostile au Maroc. C’est grâce aux vrais amis du Maroc: France, Sénégal, Egypte que ce draft a été largement amendé en faveur du Maroc. Sur le plan économique, l’Union
Après l’indépendance en 1956, la diplomatie était orientée principalement vers l’Occident. C’est ainsi que la coopération avec l’Union européenne a été progressivement renforcée aboutissant à la conclusion de plusieurs accords d’association et au Statut avancé accordé au Maroc en 2008. Avec les Etats-Unis d’Amérique, un accord de libre-échange a été signé et mis en vigueur en 2006, et un partenariat stratégique a été formellement établi entre cette grande puissance et le Maroc. Cependant, de nouveaux facteurs sont apparus tant sur le plan politique qu’économique. Depuis 1975, le Maroc est confronté à la non-reconnaissance internationale de sa souveraineté sur les provinces sahariennes. L’édification du Maghreb est bloquée par le différend entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara. Sur le plan économique, et après l’intronisation du Roi Mohammed VI, l’accent a été mis sur le développement accéléré du pays dans tous les domaines.
Sous l’impulsion du Souverain et afin de faire face aux nouveaux défis du pays, la diplomatie marocaine s’est orientée vers une diversification de la base des alliances internationales. Trois axes ont été ciblés par cette nouvelle politique étrangère: l’Afrique subsaharienne, les pays arabes du Golfe, et les pays émergents (Chine, Inde, Russie). Cette nouvelle politique poursuit deux objectifs principaux, à savoir l’accélération du règlement de la question du Sahara, et le développement économique du pays par la coopération Sud-Sud. En effet, sur la question du Sahara, la position des Etats-Unis n’a pas toujours été favorable au Maroc. C’est ainsi qu’en 2013 c’est une proposition Américaine qui a tenté d’élargir le mandat de la Minurso au contrôle des droits de l’homme dans les provinces sahariennes. Plus récemment, en avril 2016, le premier draft de la résolution du Conseil de sécurité rédigé par les Américains a été franchement hostile au Maroc. C’est grâce aux vrais amis du Maroc: France, Sénégal, Egypte que ce draft a été largement amendé en faveur du Maroc. Sur le plan économique, l’Union
Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le président chinois Xi Jinping échangeant les actes de conventions bilatérales à Pékin. Pas moins de 13 conventions ont été signées avec les partenaires chinois portant sur des projets concrets tels que le parc industriel et logistique à Tanger, l’extension de la Centrale thermique de Jerrada, ou encore le financement de projets en Afrique (Ph. AFP)
européenne, principale partenaire du Royaume, vit depuis la crise économique internationale 2008-2009 une période de régression ou de faible croissance. L’accord de libre-échange avec les Etats-Unis n’a eu que de faibles résultats pour le Maroc.
La nouvelle politique étrangère ne se contente pas de discours et de paroles. Pour la mettre concrètement en œuvre, des moyens puissants ont été mis en place. Ce sont d’abord les visites royales toujours accompagnées de forte délégation comprenant outre les politiques, les représentants des grandes groupes économiques publics et privés. C’est ainsi que le Roi Mohammed VI a entrepris plusieurs tournées en Afrique, dont la dernière en mai 2015 lui a permis de visiter le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et la Guinée-Bissau. Lors de ces visites, plusieurs conventions ont été signées et des investissements marocains réalisés dans les domaines de l’agriculture et de la pêche, de la banque, des télécommunications, de l’énergie, et des industries de transformation. Toujours en 2015, le Souverain a participé en octobre au Sommet Inde/Afrique permettant de resserrer les liens du Maroc avec ce grand pays asiatique. L’année 2016 a connu les visites royales en Russie au mois de mars, dans les pays du Golfe au mois d’avril, et enfin en Chine en mai. Partout dans ces visites, de nombreuses conventions ont été signées et des projets économiques initiés. C’est ainsi qu’a été prise la décision d’exempter les Chinois du visa pour leur entrée au Maroc. Pas moins de 13 conventions ont été signées avec les partenaires chinois portant sur des projets concrets: parc industriel et logistique à Tanger, transport des eaux Nord-Sud, extension de la Centrale thermique de Jerrada, accord sur le tourisme, chauffe-eau solaires, cellules photovoltaïques, cimenterie, pièces de rechange aéronautiques, automobiles et ferroviaires, financement de projets en Afrique.
Les autres moyens mis en œuvre par la nouvelle politique étrangère du Maroc a été sur le plan intérieur le développement des infrastructures autoroutières, ferroviaires et portuaires. C’est ainsi que le réseau autoroutier et la LGV entre Tanger et Casablanca dans une première étape, sont des facteurs d’attrait des IDE. Le port de TangerMed a permis l’installation de Renault avec la production et l’exportation de 400.000 véhicules par an. Les provinces sahariennes ne sont pas oubliées et bénéficient du programme d’investissements de 77 milliards de dirhams. D’ores et déjà, des hommes d’affaires saoudiens et turcs se sont rendus à Laâyoune et Dakhla. Le développement des énergies renouvelables, éolien et solaire, a également attiré beaucoup d’investissements étrangers notamment dans la plus grande station solaire du monde à Ouarzazate. Le Maroc s’est aussi beaucoup impliqué dans la question du changement climatique en organisant la COP22 à Marrakech en novembre 2016. Le Maroc propose également à ses alliés une coopération sécuritaire de premier plan, et militaire pour ce qui concerne les pays arabes du Golfe. Enfin le volet relugieux avec la promotion d’un Islam tolérant et modéré attire de nombreux pays pour la formation de leurs imams.
La nouvelle politique étrangère ne se contente pas de discours et de paroles. Pour la mettre concrètement en œuvre, des moyens puissants ont été mis en place. Ce sont d’abord les visites royales toujours accompagnées de forte délégation comprenant outre les politiques, les représentants des grandes groupes économiques publics et privés. C’est ainsi que le Roi Mohammed VI a entrepris plusieurs tournées en Afrique, dont la dernière en mai 2015 lui a permis de visiter le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et la Guinée-Bissau. Lors de ces visites, plusieurs conventions ont été signées et des investissements marocains réalisés dans les domaines de l’agriculture et de la pêche, de la banque, des télécommunications, de l’énergie, et des industries de transformation. Toujours en 2015, le Souverain a participé en octobre au Sommet Inde/Afrique permettant de resserrer les liens du Maroc avec ce grand pays asiatique. L’année 2016 a connu les visites royales en Russie au mois de mars, dans les pays du Golfe au mois d’avril, et enfin en Chine en mai. Partout dans ces visites, de nombreuses conventions ont été signées et des projets économiques initiés. C’est ainsi qu’a été prise la décision d’exempter les Chinois du visa pour leur entrée au Maroc. Pas moins de 13 conventions ont été signées avec les partenaires chinois portant sur des projets concrets: parc industriel et logistique à Tanger, transport des eaux Nord-Sud, extension de la Centrale thermique de Jerrada, accord sur le tourisme, chauffe-eau solaires, cellules photovoltaïques, cimenterie, pièces de rechange aéronautiques, automobiles et ferroviaires, financement de projets en Afrique.
Les autres moyens mis en œuvre par la nouvelle politique étrangère du Maroc a été sur le plan intérieur le développement des infrastructures autoroutières, ferroviaires et portuaires. C’est ainsi que le réseau autoroutier et la LGV entre Tanger et Casablanca dans une première étape, sont des facteurs d’attrait des IDE. Le port de TangerMed a permis l’installation de Renault avec la production et l’exportation de 400.000 véhicules par an. Les provinces sahariennes ne sont pas oubliées et bénéficient du programme d’investissements de 77 milliards de dirhams. D’ores et déjà, des hommes d’affaires saoudiens et turcs se sont rendus à Laâyoune et Dakhla. Le développement des énergies renouvelables, éolien et solaire, a également attiré beaucoup d’investissements étrangers notamment dans la plus grande station solaire du monde à Ouarzazate. Le Maroc s’est aussi beaucoup impliqué dans la question du changement climatique en organisant la COP22 à Marrakech en novembre 2016. Le Maroc propose également à ses alliés une coopération sécuritaire de premier plan, et militaire pour ce qui concerne les pays arabes du Golfe. Enfin le volet relugieux avec la promotion d’un Islam tolérant et modéré attire de nombreux pays pour la formation de leurs imams.
Elargir les alliancesAUJOURD’HUI, il ne s’agit pas de se désolidariser de l’Occident auquel nous relient des relations historiques, économiques et culturelles centenaires. Mais devant la mondialisation et les menaces qui pèsent sur le monde actuel, le Maroc doit absolument élargir ses alliances internationales. Afin de consolider nos positions à l’extérieur, il faut aussi sur le plan intérieur poursuivre la protection des droits de l’homme, mettre en œuvre la régionalisation avancée, et intensifier le processus démocratique déclenché pour la nouvelle Constitution de 2011.
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